Dieu n'existe pas

Publié le par S R

Préambule, mais pas trop loin

Bien, avec cette accroche un peu rock and troll, on pourrait se dire qu'il n'y a pas grand chose à attendre de ce billet. C'est possible, mais comment le savoir sans l'avoir lu ?

Car ce que je vous propose n'est pas un avis, mais une démonstration.

Tout d'abord, nous allons définir Dieu. Ensuite nous allons démontrer que le dieu ainsi défini n'existe pas. Ce sera facile. Enfin, vous pourrez réagir et démonter l'argumentation, je me ferai un plaisir de vous contredire, le tout avec respect et courtoisie, merci.

La définition

Définir Dieu, c'est d'abord se poser la question de la définition. Ici, je ne vais qu'énoncer ce que le dieu est, et non pas ce qu'il représente pour moi. Et oui, nous ne verserons pas dans la métaphysique, juste un peu de logique naïve.

Dieu, puisqu'il faut le faire débuter par une capitale, ce qui paraît normal pour un concept qui prend la tête, n'est pas cet être unique, à l'origine de tout, immanent, omnipotent, etc.

Dieu n'est, en effet, que cette entité qui a eu la chance de voir naître l'univers. N'oublions pas qu'il a créé le monde. Voilà qui est Dieu. Enfin ce qu'il est. Ne soyons pas anthropocentriques, même si nous ne pouvons l'éviter. Faisons semblant.

Ce qu'il dit, ce qu'il a fait, de qui est-il le père, combien de personnes pensent à lui quand ils ont fait une bêtise, etc. on s'en fout.

La Démonstration

Voilà, on y est. J'ai promis quelque chose de simple, alors l'argument est le suivant :

Dieu est ou bien matériel, ou bien immatériel. Par matériel, j'entends ici qu'il est constitué de matière ou d'énergie.

Si Dieu est matériel, alors il fait partie de l'univers. En effet, on ne peut concevoir la matière (ou l'énergie) en dehors de l'univers. S'il fait partie de l'univers, il n'a pas pu préexister à sa création. On voit mal en effet comment quelque chose peut exister avant d'exister.

Si Dieu n'est pas matériel, alors il ne fait pas partie de l'univers. En effet, toute chose dans l'univers est constituée de matière ou d'énergie. On pourrait argumenter qu'une portion de vide spatial est bien là, séparant deux photons isolés qui passaient par là. Sans argumenter de manière foireuse sur des théories que je ne maîtrise pas, je dirai simplement que le vide n'existe pas, ce sont les photons qui existent. Ce que nous appelons vide est en fait l'absence de quelque chose dans un monde qu'on munit d'outils pour situer les choses entre elles, ici deux photons distants de... d'une certaine distance.

En fait, pas besoin d'aller dans l'espace pour ça, mais c'est plus facile de s'imaginer flottant dans une bulle de rien que coincé entre deux électrons dont on ne sait jamais très bien s'ils vont nous rentrer dedans à pleine balle ou pas.

Bref, Dieu, version immatérielle, n'existe pas dans notre univers. Cela dit, il pourrait très bien exister à côté alors, au dessus ou en dessous, pas loin. Mais qu'est-ce que l'univers et peut-il exister quelque chose qui n'en ferait pas partie ?

Alors pour la seconde question, je peux tout de suite répondre : il existe bel et bien des choses qui ne font pas partie de l'univers. Ma connerie par exemple. La vôtre aussi, rassurez-vous, mais vous ayant demandé d'être courtois, je ne peux qu'exiger la même chose de moi-même, par réciprocité, mais n'en parlons plus. Ma connerie est. Enfin, peut-on le croire. Car en fait non, ma connerie n'est pas. Ce qui est, c'est moi. Et tout ce que je tripote autour. Moi étant, des choses faisant, des conséquences découlant, surgissent alors les jugements des conséquences qui se catégorisent en : connerie et le reste. Écartons le reste, gardons les conneries, mettons-les dans un sac et soupesons : c'est pas rien ! Et nous voilà face au témoignage de ma connerie. Mais pas face à la connerie elle-même en tant que caractéristique de mon être. Seulement le sac de ses conséquences. Car la connerie est invisible. Essayez de la dessiner pour voir. Elle est insaisissable, d'ailleurs je ne la comprends pas, et pourtant elle est en moi.

Bref, vous m'avez compris, nous voilà face à un concept, et le concept n'existe pas. Drôle de concept, mais c'est comme ça. Ce qui existe c'est l'information codant ce concept dans ma tête. Cette information étant enfouie dans le gloubiboulga cérébral électrifié qui nous sert de télécommande corporelle. Ce qui existe n'est pas forcément très intéressant, finalement, moins que ce que nous pouvons représenter et qui n'a pas d'existence propre.

Et bien, Dieu, c'est pareil. L’intérêt en moins, mais je préfère ne pas le répéter car c'est quand même le sujet de cet article. Enfin sa non-existence.

Mais revenons à nos moutons. Cette belle démonstration pas du tout scientifique avait pour propos de montrer que si quelque chose semblait exister, ce n'était pas toujours le cas. Bien que nous ayons un mot pour faire circuler un concept, le monde des idées n'existe pas. On pourrait presque dire que les idées sont les parasites électriques de notre cerveau.

Donc nous sommes dans l'univers, nous existons, et nous manipulons des concepts par l'entremise de leurs transcriptions matérielles : dans notre cerveau, sur le papier, dans l'ordinateur, etc. On admet donc que des choses immatérielles nous soient perceptibles. L'émergence du concept même depuis l'ensemble de ses supports matériels (ou énergétiques) reste mystérieux, bien sûr, et ce qui l'est plus encore, c'est notre capacité à manipuler les concepts. Mais bon, ce n'est mystérieux que parce que nous sommes infoutus de nous comprendre, ou, encore plus simplement, de comprendre notre fonctionnement. Gros nuls.

De là à faire le saut de l'existence de Dieu à l'existence du concept appelé Dieu, il n'y a qu'un pas comme on dit, hein.

Comme on admet que nous puissions manipuler les manifestations physiques de quelque chose que nous appelons concept sans que ledit concept n'ait de réalité matérielle, nous pouvons en déduire que le concept n'existe pas dans l'univers.

Comme en dehors de l'univers, il n'y a pas de support physique à l'établissement du concept, et bien le concept ne peut pas plus exister en dehors de l'univers. C'est tout.

Encore plus simplement, comme l'univers est l'ensemble constitué de la matière et de l'énergie (j'ignore par principe s'il est grand, petit, beau ou moche, s'il est expansif ou introverti) il ne peut être que matière et énergie.

Et que montrons-nous en prime ? Que le concept de Dieu ne peut exister en dehors de l'univers. Si le concept de Dieu n'existe pas en dehors de l'univers, l'existence de Dieu en dehors de l'univers paraît bien compromise.

Si Dieu, immatériel et anergétique, n'existe pas dans l'univers ni en dehors et que Dieu ne peut être matériel ou fait d'énergie, alors on en déduit quoi, hein, on en déduit quoi ?

Et pour revenir à la question de ce qu'est l'univers, je vous invite à lire Etienne Klein qui le dit très bien, même si parfois il utilise des mots un peu compliqués (ontologique, législatif, anagramme).

Merci d'avoir partagé ce moment de lecture/écriture même de manière asynchrone.

Publié dans phi

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