L'eugénie

Publié le par S R

Celui-ci, celle-là, avec cette incroyable capacité à rendre les choses simples, à voir ce que les autres ne voient pas, c'est un génie. C'est certain, même les plus forts dans cette catégorie confirment qu'il ou elle est une classe, une catégorie, un cran au-dessus. Génial.

Oui, bien sûr, c'est simple, et pourtant c'est faux. En fait, le génie n'existe pas. Pour s'en rendre compte, point besoin d'être génial, il suffit d'une définition et d'une démonstration.

Pour la définition, je dirais qu'on appelle génie celui (j'abandonne l'utilisation du féminin, hein) qui a produit quelque chose qui n'existait pas au préalable, alors que les informations partagées par ses contemporains auraient pu les mener collectivement à produire ce quelque chose, mais qu'il s'avère que lui seul l'a produit alors que tous s'y essayaient sans résultat, ou, à défaut, que s'ils s'y étaient essayé, ils n'auraient pas produit de résultat.

Il faut donc produire quelque chose, que cette production, envisagée par le reste du monde, ne soit pas possible.

Bon, c'est une assez mauvaise définition, car si je pense des mots au hasard, alors le reste du monde n'arrivera pas à les produire, seul moi le pourrai, et je ne suis pas pour autant génial.

Ah non, j'avais prévu le coup : informations partagées. Ahah, je me suis eu moi-même. Bon, ça a l'air de fonctionner, et j'ai pas envie d'aller chercher plus loin ici.

Regardons ce qu'en dit le Trésor de la langue française informatisé :

[En parlant d'une pers.] Qui a du génie.

Merde.

Ah, non, ouf, il y a une autre définition :

P. méton. Personne qui a du génie.

Merde.

Bon, restons-en à la première définition ci-dessus, finalement.

La démonstration ?

Ah ben non, avec cette définition, la démonstration que je m'apprêtais à étaler ici au pinceau virtuel des pensées qui s'entrechoquent et titubent, incertaines et fragiles, jusqu'au plus cathodique des tubes ou vers son plat cousin lointain, n'est plus correcte. C'est chiant d'être précis : ça invalide plein d'idées préconçues.

Pourquoi on parle de ça, au fait ?

Publié dans phi, log, langue

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