La science est une croyance (I)

Publié le par S R

Oui, bon, OK, ça a surement déjà été fait, le coup du scientifique pas meilleur que le bigot débile. Et, attention, je ne fais pas de procès aux croyants, croyez-le ou non.

L'idée, ici, est de s'apercevoir que notre conception du monde, qui s'appuie sur une liturgie pseudo-scientifique, n'est faite en grande partie que de croyances. À base scientifique, peut-être, mais croyance quand même.

Pour le démontrer, ou en tout cas pour faire apparaître clairement le phénomène, prenons un exemple simple et classique : la gravité, l'héliocentrisme, la rotondité de notre planète, l'âge du capitaine Terra, hum, non, l'électron, tiens, oui.

Tout le monde, ou presque, sait ce qu'est un électron. En fait, peut-être moins aujourd'hui qu'avant, depuis l'avènement des écrans plats qui ont supplanté les écrans à tubes cathodique, espèce en voie de disparition, et personne n'en parle ni ne les pleure, c'est triste.

L'électron existe. C'est connu. D'ailleurs, l'ordinateur qui permet d'éditer ce message est un dispositif électronique, mû grâce à la force de l'électron qui, avec ses petits bras, rame pour sa came. Non, là c'est juste un jeu de mots car la sonorité est proche d'arbre à cames. Perturbant, hein ?

L'électron existe ? Une preuve svp ! Et une preuve que je connais, moi.

Car en fait, avant d'avancer des preuves, n'est-on pas obligés de constater que nous faisons confiance à autrui pour croire que l'électron existe. Comment cela s'est-il passé ? Probablement de manière simple : une autorité, digne de confiance, disons un professeur de sciences physiques du lycée, affirme que l'électron existe. Il l'enseigne, à telle enseigne que ne pas y croire sera rédhibitoire lors du contrôle de connaissance. Postuler l'inexistence de l'électron n'aidera pas à obtenir les points pour le calcul de la force électrostatique nécessaire pour faire dévier la trajectoire de la particule de manière à atteindre un point déterminé sur la surface de l'écran virtuel dessiné sur le papier de la copie. Il faut donc postuler son existence ou sortir du rang, ce qui est bien difficile, en particulier en classe scientifique. Oui, mais demander à des incrédules patentés de croire, c'est un peu gonflé, non ? Mais on ne le leur demande pas, voyons ! Ils le font tout seuls comme les élèves bien rangés, bien ordonnés qu'ils sont. On ne peut leur en vouloir, d'autant plus, que l'électron existe bel et bien, on le verra tout à l'heure.

Alors pourquoi se prendre la tête ? Et bien parce que, qu'il existe ou pas, la décision de croire ou l'adhésion implicite à la croyance collégialement admise, pose tout de même question. Et c'est donc un second point qui, en plus de la croyance, devient épineux. Nous croyons, peut-être, mais qu'est-ce qui nous porte à croire ?

Revenons au tiers de confiance, qui nous a inculqué l'idée de l'existence de l'électron. D'où ce docte enseignant tire-t-il cette illusion ? Au choix, possiblement multiple, de l'enseignement de son prédécesseur, lui-même fort croyant, ou d'un livre à tartiner sur lequel ont atterri les molécules quasi indélébiles de l'encre passeuse de savoir. On acceptera que suivre le fil des enseignants successifs ne mène nulle part si ce n'est jusqu'à l'homme qui a vu l'ours. Possible. Il existe alors, celui qui a vu l'électron ? Bien sûr que non. Mais l'homme qui a conclu à son existence, du fait d'une théorie, d'un modèle, oui. C'est probablement un tel homme qui a écrit le livre, d'ailleurs. Ou bien un autre livre que le rédacteur du livre lu par l'enseignant aura préalablement consulté et dont il aura dupliqué le message (y compris les dessins monochromes, qu'il aura pris soin de colorier au passage).

Un homme, donc, qui pense avoir vu l'ours dans sa nudité la plus complète. L'homme qui a su interpréter les songes instrumentaux de manière à proférer l'évidence : l'électron existe, je l'ai rencontré. Car que fait-il, concrètement cet homme ? Soyons gonflés, même si on ne connait pas d'expérience l'expérience, imaginons-là. Le type est au fond de son labo. Notez : on est toujours au fond du labo. Jamais au milieu, près de la porte. Non, au fond, et il n'y a pas de fenêtre. Il est au fond, donc, et au fond, il est perplexe. Il vient de constater que l'électron existait et il tente de mettre en paroles cette extraordinaire rencontre. Le papier qui donnera le livre, vous savez. Cette historisation au forceps, on ne va pas se poser la question de sa nécessité, de sa place dans la frise chronologique vue lors des ateliers science de l'école élémentaire, mais simplement nous rendre compte que de faits, on tire une histoire. Bon OK, je vois quelque chose, je raconte. Jusque là, tout va bien. Mais ici c'est : je ne vois rien, je raconte. C'est embêtant. Mais en fait, non, car l'homme voit, ou a vu, ou a perçu s'il est aveugle, d'une manière ou d'une autre. Et ce qu'il a perçu, c'est quelque chose. Par exemple son oscilloscope, ou une énorme machinerie qu'on peut réduire, grâce à ce formidable outil qu'est la pensée, à un oscilloscope aura pu marquer une oscillation caractéristique, prédite par la théorie, et validant là, d'un trait électronique, le concept d'électron. Notez que découvrir l'électron grâce à un oscilloscope tient sinon du miracle au moins du paradoxe, mais passons.

Ce que l'homme observe, ce sont des traits sur un écran, pas un électron. Le fait que les traits soient, en l'espèce, dus à la dégringolade d'électrons sur un support qui jute des photons à qui mieux mieux n'est pas à prendre en considération ici.

To be continued.

Publié dans phi

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