La science est une croyance (II)

Publié le par S R

Bon, je sais, la philosophie de terminale scientifique est l'apanage des meilleurs, égarés en classe scientifique ou tout simplement si doués que peu importe le sujet, hein, qui en font quelque chose de suffisamment intéressant qu'il parvient à déranger les ainés sur des positions que ces derniers considéraient solides comme le roc, et bien défendues, au cas où, contre les attaques des faux-penseurs de tout poil qui ne s'adapteraient pas à cette norme, novatrice, si exigeante, mais tellement belle que sa beauté même serait fondatrice de la foi qu'on peut, qu'on doit, avoir en elle, à l'exclusion des pensées adverses, dont les tares essentielles sont une insulte à l'intelligence et à l'humanisme, seule vraie valeur après l'onanisme.

De ce fait, m'adonner hédonistement à la philosophie lycéenne, c'est, d'une certaine façon, me considérer l'égal de ces altruistes grimpeurs de concepts. Je tiens tout de suite (après cent-quarante-quatre mots, quand même) à ovocider(*) l'idée. Je ne fais que rattraper le temps perdu, le temps passé à ne pas penser, et de ce temps du passé, je panse les plaies. Et avant de tamponner, il faut ouvrir la plaie pour en faire sortir le pus de la pourriture nécrosante qui s'est amoncelée au fil des cycles circadiens successifs et stériles.

J'ose (Audiard, salopard !), ainsi, revenir au temps du tout possible et considérer, confus et malhabile, non pas flétri pétri d'arrogance, les idées, certes simples, qui s'offrent à mon étude clinique peu rigoureuse et de courte vue, peut-être, mais c'est la mienne, et j'en ai pas d'autre, alors merde.

Ovinohémigirons(**) car, en effet, le billet n'a toujours pas commencé, et la culpabilité s'épanche et se répand comme les volutes infâmes de la poussière de roche soulevée par les disques intrépides et peu à peu réduits à une attitude lisse et commune qui devrait être la leur, plutôt qu'abrasive et coupante, de la meuleuse qui n'arrête pas de me casser la barrière vibratoire.

Alors je vais faire hyper simple :

La science est une croyance.

On pourrait contredire cette assertion en arguant du caractère répétable de l'expérience qui montre le fait scientifique. En effet, est scientifique ce qui est l'objet d'une expérience qu'on peut répéter et questionner. Bon, il doit y avoir une définition un peu moins foireuse, mais je ne vais pas m'abaisser à utiliser Google pour la trouver, et je suis ignare, donc on fera avec. Science sans expérience, existes-tu ou bien n'es-tu que pure causerie d'esprit libéré ? La cause ainsi nourrit la glose, sa conséquence. Bref, il faudra démêler ça aussi, mais plus tard.

Donc, on prétend scientifique ce qui peut faire l'objet d'une expérience, dont le résultat peut être prédit, et dont on peut, de manière répétée, vérifier à loisir l'exactitude, ou bien considérer son inaptitude à décrire parfaitement un réel observé. Tant d'endroits, finalement, dans lesquels l'échec peut faire son nid, l'observation biaisée n'étant pas le moindre.

Admettons que ça colle, ça pose quand même un sacré problème : qui mène l'expérience ? Ahah !

Car pensons ainsi l'expérience scientifique de la validation de la liturgie (biblique, ici). Alors, j'en connais pas d'expérience, mais imaginons qu'il y en a une, et puisons dans un bassin de choix, un ensemble représentatif de Mormons croyants (***) par exemple, à qui on demanderait de mener l'expérience mystique démontrant le fondement d'un morceau de la croyance qui est la leur. Leur raisonnement pourrait être valide. Quelques hypothèses axiomatiques suffiraient à construire un édifice de paille sur lequel danser une gigue bien cadencée. Et le majeur dressé à l'adresse des scientifiques consternés et grognons qui, n'en démordant pas, reprendraient de plus belle une tech-tonique bien instrumentée pour produire du savoir liquéfiant les dires des bigots noirâtres. Mais, je spoile, pardon, ça, c'est la saison 3.

On constate (enfin, je ne suis plus très sûr, le raisonnement n'est pas clair, les définitions fumeuses, ça sent le roussi comme d'hab'), donc, que se pose la question du choix de l'expérimentateur. Car, oui, la parole est biaisée, et celle du scientifique pas moins. Car qui peut mener l'expérience du scientifique, pour un sujet polémique, sinon le scientifique lui-même, le Mormon de la science, quoi.

Et on constate, là et las, que préconception et biais, déjà cités ci-dessus, font leur entrée officielle. Comment appelle-t-on une vérité que seuls ceux, rares élus, qui y croient peuvent valider devant la masse des incrédules ou des tourmentés du bulbe ? Une allégation géniale ? Je veux dire, qui émane du génie, pas géniale elle-même, hein. Soyons précis sur ce coup-là, puisqu'il n'y avait pas de doute à l'origine, il ne devrait toujours pas plus y en avoir après la réduction de l'absence de doute sur le feu des mots conscrits et constricteurs de l'absence de sens qui apparaît si ce n'était déjà fait. Il faut donc croire en la science, avoir gobé par le derrière les suppositoires de la logique, de la mathématique et du dernier du triptyque, pour exhaler le discours édificateur de la certitude.

Donc c'est pareil, en fait. Rien n'est sûr, ça c'est sûr.

(*) tuer dans l'œuf

(**) retournons à nos moutons. Et je préfère hémi à semi, c'est comme ça. Et moi qui pensais inventer le verbe girer : il existe !

(***) a priori un pléonasme, mais je préfère être précautionneux, on ne sait jamais.

Publié dans phi

Partager cet article

Repost0

Commenter cet article