Faut-il s'exprimer ?

Publié le par S R

Vous surfez sur internet, et au détour d'une vague, vous tombez nez à nez avec un commentaire peu recommandable. Vous pourriez l'ignorer, mais choisissez de l'observer, et remarquez, non sans tristesse et dégoût, qu'il est pourtant recommandé, et pas qu'un peu.

Que faire dans cette situation ?

Et bien, mesdames et messieurs, j'ai la réponse, et je vous propose d'en prendre connaissance tout de suite.

Tout d'abord, je précise le contexte. Il sera inutile d'aller commenter sur un site sur lequel personne ne lit les commentaires, ceux-ci formant un rempart d'ignorance crasse autour d'un monde de certitudes convenues même si inconvenantes pour d'autres. Donc vous êtes face au commentaire dans un contexte où, potentiellement, vous pensez trouver écho au vôtre, s'il advenait.

J'ajoute que si le commentaire vous a piqué l’œil, c'est qu'il est particulièrement ignoble, et en contradiction avec vos valeurs. Vous ne vous arrêtez pas à toutes les conneries émaillées dans les commentaires à droite ou à gauche, votre serpillère du web n'a pas la capacité de tout essuyer.

Vous vous apprêtez à répondre au commentaire, et êtes sûr de votre affaire, vous allez plier le bonhomme ou la bonne femme en moins de deux, et ce sera fini le temps de l'écrire.

Sauf que : êtes-vous bien certain de pouvoir légitimement commenter ? Ne faudrait-il pas vous assurer au préalable que votre commentaire est licite ? Êtes-vous sûr que vous ne dupliquez pas la crasse en écrivant ici, las ? Ne faudrait-il pas vous astreindre au mutisme pour ne pas proférer d'ânerie ?

À cette dernière question, je suis catégorique et binaire, la réponse est non. La démonstration est simple : si vous deviez attendre de connaître une chose avant de pouvoir en parler, vous ne parleriez jamais, car on ne peut jamais rien réellement, pleinement, parfaitement connaître. La connaissance étant imparfaite, nous serions donc tous condamnés au mutisme, et on se ferait bien chier. Donc vous pouvez commenter.

Sauf que si vous le pouvez, le devez-vous ? Ou plutôt ne serait-il pas préférable de ne pas commenter plutôt que de commenter ?

Là encore, la réponse est simple : si vous en avez envie, faites-le. Si vous n'en n'avez pas envie, ne le faites pas. Démonstration : vous n'en n'avez pas envie, pourquoi se contraindre à le faire ? Il ne s'agit que d'un commentaire, et s'il vous était apparu qu'une correction s'avérait nécessaire sinon la Terre allait s'arrêter de tourner, n'en n'auriez-vous pas immédiatement conçu l'envie de mettre fin à cette fin, et à cette fin mettre fin à vos tergiversations et commenter ? Bien sûr que oui, je vous connais ! Donc si vous ne ressentez pas cette envie, c'est qu'il vous est inutile de commenter. En revanche, si vous ressentez cette envie, commentez car sinon vous serez terrorisé à l'idée de la fin imminente.

Vous allez donc commenter, sachant que c'est irrépressible.

Les seuls conseils que je peux donner ici sont :

  • soyez aimable ;
  • écrivez du mieux que vous pouvez, de manière simple ;
  • validez chacun de vos arguments, une recherche sur le web étant bien utile quand on n'y connait rien, et encore plus quand on s'y connait bien ;
  • soyez constructif ;
  • ouvrez votre commentaire par une conclusion interrogative laissant percevoir la profondeur de votre vision ;
  • n'argumentez pas sur le commentaire offensant, argumentez sur l'article offensé par l'existence du commentaire

Ce dernier point est important car il montre, par l'exemple, comment construire un monde meilleur.

Une fois le commentaire rédigé, laissez la nuit porter conseil : sauvegardez votre texte sans publier le commentaire.

Le lendemain, relisez-vous et si vous pensez toujours que c'est inévitable, publiez. Dans la quasi-totalité des autres cas, vous pouvez foutre votre commentaire à la poubelle, après tout, vous n'allez pas troller non plus ?

Publié dans phi

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