Je suis un nouveau-né

Publié le par S R

Je vais l’écrire simplement, sans artifice, sans ruser. Les mots vont apparaître sur l’écran, grâce à mes doigts qui tapotent. C’est simple, et ce n’est pas arrivé par hasard. Le travail de mois de galère intérieure, puis la mise en relation avec la bonne personne aidante, a porté ses fruits. Finis, les raisins de la colère, et mon doigt glisse vers le “o” en lieu et place du “i”, donnant naissance - encore une - à ce lapsus, que je reproduis ainsi : “finies, les raisons de la colère”. Amusant. Marrant. Lol, quoi, mais en mieux. Car, oui, les raisons se sont enfuies, après s’être enfouies. Elles n’ont pas résisté au regard que je leur ai porté. Elles se cachaient, jusqu’ici, tapies dans l’ombre, comme on dit. Elles faisaient leur barouf en silence, depuis leur poste barricadé. Elles donnaient naissance à cette colère venue d’ailleurs, de l’intérieur, cette vague étrangère qui naissait en moi, que je ne reconnaissais pas comme mienne, et dont j’ignorais la source, et qui pourtant n’était due qu’à moi. Enfin, pas seulement, mais le monde n’en est pas responsable, faut pas charrier. Parties, les raisons. Pschit la colère. Enfin, cette colère. Et me voilà qui constate que le jour se lève, comme hier, et que je suis toujours là, mais pas comme hier. Je suis là, aujourd’hui, devant le monde, et je m’y suis inscrit. J’ai mon billet. J’ai pris ma place dans le train de la vie. Mon train, ma vie. Je peux voir par la fenêtre ? Non, ça c’était avant, passager uniquement. Aujourd’hui, c’est le train de la folie. Le train dans lequel je siège aux commandes, sans savoir vraiment où il va, car je ne décide pas des rails, mais j’occupe la place de devant, dans la locomotive. Et de là, je peux voir loin, en face, et pas seulement sur le côté, comme à travers la fenêtre. De là, je sens les commandes, j’ai le droit de décider. Alors, peut-être que ces décisions n’ont que peu d’effet, dans l’immédiat. Un changement de voie ici, un ralentissement par là. Mais ce sont mes décisions, et elles ont un effet. Que de changement. J’ai le droit d’être, et maintenant, j’ai aussi l’autorisation de réaliser. Je peux. Je fais. Je fais peu. Et peu me fait du bien. C’est déjà ça, et je comprends comme ce peu est énorme. En fait, non, je ne le comprends pas. Je n’essaye pas. Je le ressens, et c’est là toute la différence avec mon moi d’avant. Car je suis un nouveau-né.

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